- publicado 06/09/2016
Après sa destitution, Dilma
Rousseff dénonce «une guerre politique, sale et hypocrite»
Cinq jours après sa destitution, la présidente brésilienne Dilma Rousseff a reçu, lundi 5 septembre, Le Monde dans le palais présidentiel de l’Alvorada à Brasilia. A la veille de son déménagement vers Porto Alegre, où elle doit retrouver sa famille, l’ancienne guerillera continue de clamer son innocence des accusations de manipulations comptables qui sont, officiellement, à l’origine de sa chute. « Ce processus d’impeachment est une fraude. Une rupture démocratique qui crée un climat d’insécurité au sein des institutions politiques à même d’affecter toute l’Amérique latine », dénonce-t-elle.
Cinq jours après sa destitution, la présidente brésilienne Dilma Rousseff a reçu, lundi 5 septembre, Le Monde dans le palais présidentiel de l’Alvorada à Brasilia. A la veille de son déménagement vers Porto Alegre, où elle doit retrouver sa famille, l’ancienne guerillera continue de clamer son innocence des accusations de manipulations comptables qui sont, officiellement, à l’origine de sa chute. « Ce processus d’impeachment est une fraude. Une rupture démocratique qui crée un climat d’insécurité au sein des institutions politiques à même d’affecter toute l’Amérique latine », dénonce-t-elle.
Corruption : « Je comprends que les électeurs aient été déçus par tous
les partis politiques »
Pour Mme Rousseff, « il y avait une autre motivation » derrière sa
destitution : « Celle d’interrompre l’opération “Lava Jato”, de stopper toutes
les investigations liées à la corruption, au blanchiment d’argent, à
l’existence de caisses noires [pour le financement de partis et de campagnes
électorales]. » Le scandale de corruption « Lava Jato », lié au groupe public
pétrolier Petrobras, a touché toute la classe politique brésilienne.
« Je comprends que les électeurs
aient été déçus par tous les partis politiques », explique l’ancienne
présidente, qui défend son bilan, et celui de son prédécesseur Luiz Inacio Lula
da Silva dans le domaine. Pour elle, sans les lois adoptées depuis l’accession
au pouvoir de son parti, le Parti des travailleurs, en 2003, « la police ne
serait jamais parvenue à remonter le fil du système [de pots-de-vin] au sein de
Petrobras ».
« Les protagonistes de cette
destitution sont l’oligarchie brésilienne »
« L’autre intérêt poursuivi [par
ses adversaires] était de mettre en place un agenda néolibéral, qui n’était pas
prévu dans mon programme », explique également Mme Rousseff : « Les
protagonistes de cette destitution sont l’oligarchie brésilienne. Le groupe des
plus riches, les médias, détenus par 100 familles [qui ont, selon la
présidente, contribué à véhiculer une information biaisée]. »
Trahie par ses alliés, le Parti de
la social-démocratie brésilienne (PSDB, centre gauche) et le Parti du mouvement
démocratique brésilien (PMDB, centre), elle regrette « le système politique
brésilien, avec trente-cinq partis, [qui] oblige à ces alliances ». Et
reconnaît son incapacité à obtenir une réforme, en 2013 : « C’est comme si vous
demandiez à un renard de protéger le poulailler. »
« Je n’ai cessé de faire l’objet de
remarques machistes »
L’ancienne cheffe de l’Etat évoque
enfin les « remarques machistes » qu’elle a dû essuyer : « On a d’abord dit que
j’étais dure (...). Puis on a voulu faire de moi une femme fragile, malade,
déprimée. »
Mais pour elle, ce revers « n’est
pas une fin » : « La résistance doit se faire par la critique, le débat
politique. C’est le
début d’une lutte. Je suis optimiste, l’indignation est plus vive au Brésil
aujourd’hui. Le pays va grandir. »
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